Pouvez-vous brièvement vous présenter ainsi que votre métier ?
Je m’appelle Sophie Dupont et je suis neurologue épileptologue, c’est-à-dire spécialiste de l’épilepsie dans le domaine de la neurologie (science qui traite du système nerveux) à la Pitié-Salpêtrière.
Pensez-vous que la mémoire soit un domaine dont on connait déjà presque tout ou au contraire qu’il reste beaucoup de choses à découvrir ?
Je pense qu’il reste beaucoup de choses à découvrir à propos de la mémoire, de nombreuses expériences sont mises en places par la communauté scientifique pour mieux connaitre ce phénomène avec notamment pour objectif de soigner les pathologies qui y sont liées.
Où se situe la mémoire au sein du cerveau ?
Une étude a permis d’identifier le rôle d’une petite région cérébrale profonde, appelée l’hippocampe, dans certains types de mémoire. Un chirurgien avait retiré l’hippocampe des deux côtés du cerveau d’un patient qui souffrait d’épilepsie incurable. Cette opération a permis de contrôler son épilepsie et le patient a entièrement conservé ses anciens souvenirs ainsi que la capacité à apprendre de nouveaux gestes (mémoire procédurale). Cependant, cette opération a également engendré une perte complète de capacité à former de nouveaux souvenirs. L’hippocampe joue donc un rôle essentiel dans la formation de souvenirs. Cependant, l’apprentissage n’est pas une faculté d’une région unique du cerveau et implique de très nombreuses connexions entre les neurones.
Quels sont, selon vous, les principaux facteurs qui influencent la mémoire ?
Déjà il y a plusieurs types de mémoire et donc des réseaux anatomiques différents dans le cerveau qui sous tendent ces mémoires. Ensuite, il y a, en dehors de ces circuits structurels de nombreux facteurs qui peuvent influencer la mémorisation. Certains comme le stress, la stimulation, la motivation et le contexte sont externes. D’autres comme la fatigue et la concentration sont internes.
Que pensez-vous de l’impact du sommeil sur la mémoire ?
L’impact du sommeil sur la mémoire à été démontré au niveau de la mémoire épisodique car la consolidation (renforcement de la trace mnésique donc de ce qui vient d’être appris) se produit préférentiellement dans la phase de sommeil lent de la nuit qui suit l’apprentissage. Par ailleurs, la mémoire est constamment sollicitée et enregistre de multiples informations au cours de la journée. Pour consolider les souvenirs, le cerveau doit impérativement trier ces informations pour ne stocker que les éléments importants et oublier les détails insignifiant. Le sommeil joue un rôle important dans ce processus de tri.
Nous n’avons pas trouvé beaucoup d’informations sur les rêves, pensez-vous que ce sujet sera approfondi dans les années à venir ?
Oui, le domaines des rêves est actuellement sujet à nombre de recherches au sein des laboratoires. Concernant la place des rêves dans le sommeil, il a par exemple été démontré que la production de rêves était liée au sommeil paradoxal au cours duquel l'arrêt des neurones modulateurs interdit toute forme de pensée consciente (il y a une activité électrique, mais le traitement est trop rapide pour que nous puissions y avoir accès).
